En sortant [du bois] de la Mauille, quatre jeunes jolies filles avec le petit costume des ouvrières de la Fabrique en sortaient aussi, elles tenaient chacune une anse d’une grande balle de lessive pleine de mousses bien choisies, bien nettoyées, bien fraîches. J’engageai la conversation. J’appris qu’elles étaient ouvrières à la Fabrique, toutes quatre entre 12 et 15 ans et étaient allées ramasser de la mousse pour parer l’autel de la Sainte Vierge pour le mois de Marie. Elles étaient gracieuses toutes quatre, propres, gentilles, elles me dirent cela avec honnêteté, elles avaient l’air content, nous nous quittâmes…
Vint la pluie, nous essuyâmes une bourrasque et, comme nous allions un peu vite, nous aperçûmes les jeunes filles à l’abri sous un arbre légèrement feuillé. Puis les nuages se dissipèrent, la pluie cessa, le soleil, si luisant, reluisit de nouveau. Les jeunes filles reprirent leurs corbeilles et leur chemin, nous les suivîmes à soixante pas de distance, nous entendons un chant doux et en parties, très joli… et puis tu sais, ce plaisir de l’inattendu ! Ce doux chant dura jusqu’à la fabrique, là elles disparurent…
Jujurieux, 26 avril 1850.
Lettre de Mme H. Durand à sa fille, Papiers Olphe-Galliard