Alice C. témoigne des méfaits de la vapeur

L'ouvrière pensionnaire Alice C., placée par les services de l'Enfance assistée à l'usine Bonnet, écrit à l'inspecteur départemental de Haute-Savoie pour lui faire part de son état de santé.

Jujurieux le 7 novembre 1895.

Cher bienfaiteur

C’est par occasion que je vous écris ces quelques lignes pour vous donner de mes nouvelles qui sont très mauvaises pour le moment, je suis en anémie depuis plusieurs années mais seulement je…. guérir, ici nous sommes toujours renfermées toujours sur la vapeur, les aliments sont cuits à la vapeur, la vapeur me fait grossir, elle m’est nuisible, il y a quatre mois j’ai continuellement mal à la tête, à l’estomac et j’ai les jambes enflées, en un mot je suis bien malade, j’ai été quinze jours à l’infirmerie, on m’a tout donné, rien ne me fait. Je souffre toujours et la soeur mère ne veut pas que je m’en aille, je vous prie de lui écrire pour m’en aller, je ne peux pas rester comme ça, vous ne lui direz pas que je vous l’ai dit, la lettre ne passe pas devant elle, car à la fabrique, il y a une boite à lettre, elle les lit toutes qui passent [sic], elle passe par une fille qui s’en va en permission, elle est malade aussi. En vous priant vous répondre au plus tôt possible, car je souffre tout à fait trop, en attendant de vos nouvelles.

Recevez, Monsieur, mon profond respect

Alice C.

[L’orthographe a été rétablie]

Requête de l’inspecteur auprès de la mère supérieure, relative à cette lettre

Annecy le 15 novembre 1895

Madame la Supérieure,

J’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me faire savoir s’il est exact que la jeune C. Mina Alice se porte mal dans votre établissement et dans l’affirmative, de me dire si vous pensez qu’il y aurait lieu de la placer à la campagne.

Veuillez agréer…
L’Inspecteur départemental

Réponse de la supérieure Mère Ephrem à l’inspecteur des Enfants assistés

Jujurieux, Maison Bonnet 18 novembre 1895

Monsieur l’inspecteur,

La jeune C. dont il s’agit est effectivement à l’infirmerie depuis quelques jours pour combattre un peu d’anémie, mais nous ne croyons pas que ce soit très sérieux, quelles que soient les plaintes incessantes d’Alice. Mais nous serions bien aisés de vous la rendre, car elle ne se plaît point avec nous : notre vie si calme, si ordonnée n’est pas dans ses goûts. Veuillez donc nous dire à qui nous devons l’envoyer.


Veuillez agréer…
Sr Marie de St Ephrem, Sup.

Dossier Alice C., Arch. Dép. Haute-Savoie, Enfants assistés

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