Monsieur Lempereur a de l’argent de disponible pour le moment, il me prête une trentaine de mille francs pour quelques mois, si je puis lui en faire mes effets à ordre afin d’en disposer à sa volonté suivant le besoin qu’il peut en avoir pour ses achats; pour mon crédit, il ne me convient pas de faire des effets à ordre qui circuleroient sur la place, les bonnes maisons ne le font jamais, mais ce qui se fait tous les jours et par les premières maisons de commerce, c’est d’accepter des lettres de change tirées sur elles par des personnes d’un autre pays; je voulois vous prier de tirer sur moi en faveur de Monsieur Lempereur un nombre de lettres de change dont je vous dirois le nombre, l’échéance et la valeur. Je les accepterois et par ce moyen Monsieur Lempereur pourroit disposer de ces lettres de change, les négocier à volonté.
Nous en avons causé avec Monsieur Lempereur ou pour mieux dire, il me l’a proposé pour éviter le désagrément de faire courir sur la place mes effets, et pour le faciliter.
Pour vous, cela ne vous engage à rien, vous n’êtes ici qu’un prête-nom, pour moi c’est d’un grand avantage, attendu que tous les ans en ce tems ci, Monsieur Lempereur peut me remettre des fonds et c’est de toute l’année le tems où ils me sont le plus utiles… Monsieur Lempereur… peut m’être fort utile, je crois que je ne suis pas mal dans son opinion, ma réputation heureusement s’établit assez bien…
Lyon le 28 septembre 1817.
Lettre de C.J. Bonnet à son père, Papiers Cossieu.