La célèbre Marceline Desbordes-Valmore vue par une dame de Jujurieux

Comédienne, puis poétesse renommée, Marceline Desbordes-Valmore. En visite chez le député Jars, à Paris, elle est remarquée par Mme de Latour, belle-sœur de Louise Durand
Peinture représentant la poétesse et comédienne Marceline-Desbordes Valmore, par Michel Martin Drölling
Marceline Desbordes-Valmore peinte par Michel Martin Drölling – détail

J’ai vu le jour des rois, chez M. Jars1, Mme Vallmore [sic], je ne savais pas que ce fut elle, elle a cependant de suite fixé mon attention, je ne saurais dire pourquoi. Sa mise était une robe de soie noire étoffe légère, un bonnet de satin blanc des plus extraordinaire, la garniture était faite avec des tiges de lilas sans feuillage, qui se regrimpaient les unes sur les autres, il y en avait de blanches et de lilas, le bonnet était posé sur des bandeaux de cheveux, dont quelques uns indiquaient encore qu’ils avaient été blonds, mais plus des trois quarts étaient blancs. Ce qui n’empêche pas que son esprit soit charmant, sa conversation fort intéressante. Son affectation comme celle de Mlle de Lestrade2 ne peut pas arrêter la grâce, la vivacité et le naturel de son esprit et cependant son affectation est très grande, elle m’a beaucoup rappelé Mme Baret3, et pour les inflexions de voix et pour tout ce qui est affecté en elle, elle me l’a rappelée même pour la tournure et la maigreur. Mais beaucoup d’esprit, d’instruction de voyage. Elle a l’air extrêmement bon, de cette bonté qui est de tous les moments, mais je crois que facilement elle peut être dupée par tous ceux qui veulent le faire et sans qu’il y ait beaucoup de peine à se donner pour cela. Je l’observais d’autant plus que ce jour même, j’avais vu dans un journal une pièce de vers charmante qui était d’elle…

Paris le 27 janvier 1844.

On sait que Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) habita Lyon, notamment à l’époque des insurrections de 1831 et 1834. C’est dans les années suivantes et à Lyon que l’ancienne actrice commença à être célèbre pour ses poèmes.

Lettre de Mme de Latour à sa belle-sœur Durand, Papiers Olphe-Galliard.

  1. Maire de Lyon aux Cent-Jours et député du Rhône de 1827 à 1842,  propriétaire d’une maison de campagne à Saint-Jean-le-Vieux, près de Jujurieux.  Il demeurait alors à Paris. ↩︎
  2. Personnage que nous n’avons pas pu identifier. ↩︎
  3. L’ épouse d’un notaire de Saint-Jean-le-Vieux, qui avait été réputée pour sa beauté ↩︎

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