Tu as dû penser à nous pendant le temps du retour. Il n’est pas nécessaire de dire qu’il a été on ne peut plus désagréable, nous avons eu la pluie jusqu’à Saint-Denis. De là à Meximieux, le temps était clair, mais les routes étaient si mauvaises que nous avons été obligés de nous arrêter à Meximieux pour faire reposer le cheval. Nous y étions arrivés à minuit et nous n’en sommes repartis qu’à trois heures. Comme il n’y avait point de lits dans l’hôtel, nous sommes restés dans notre voiture pendant tout le temps. A peine sortions-nous de Meximieux que la pluie a recommencé et ne nous a quittés que près de Montluel. Nous nous sommes encore arrêtés pendant quatre heures, on nous a donné un lit et nous nous sommes un peu remis, le cheval n’en avait pas moins besoin que nous, malgré qu’il n’eût pas été trop vite pour faire les deux lieues précédentes (depuis 3 heures jusqu’à sept), aussi ne sommes-nous repartis de Montluel qu’à onze heures, et malgré la pluie qui ne nous a quittés qu’au grand peuplier et les mauvais chemins, nous sommes arrivés à Lyon avant deux heures.
Ce n’est pas tout, après avoir essuyé le mauvais temps, il a fallu recevoir les compliments qui nous attendaient au magasin, sans égard à la tempête1. On nous a dit que nous avions manqué à notre devoir qui était de rentrer à six heures, et non à trois de l’après-dîner, mon oncle en sera probablement instruit et je ne sais ce qu’il en pourra résulter, nous n’y avons cependant pas mis de la mauvaise volonté.
Lettre de Jules Bonnet à sa mère à Jujurieux, Lyon 7 juillet 1830.
- Au magasin de C.-J. Bonnet, chez qui Jules était alors employé. ↩︎