Tu voudrois que ta maison fût plus forte qu’elle n’est, moi aussi je le voudrois, mais tu peux bien te dire que tu n’as pas su l’y amener, malgré tout ce qui a été fait pour toi, tu es resté faible, je ne sais pas quand tu sortiras de cet état de faiblesse, c’est une grande affaire que de savoir faire grandir sa maison, jusqu’à présent tu n’y as pas réussi, j’ignore quand tu le pourras, il me semble que tu n’y avances pas, les moyens que tu donnes, il faudroit qu’ils t’arrivent par des capitaux que tu devrois à d’autres, qui t’en feroient les avances ; cet argent que tu emprunterois, saurois-tu le faire fructifier, c’est fort douteux, dans tout ce que tu as fait, qui peut donner confiance, je l’ignore, pour moi, je ne l’ai pas et ne suis pas tenté d’en courir les risques. Quant tu as fait l’achat de la maison que tu habites, d’après ce que tu disois dans le tems, là devoit commencer un tems prospère pour toi, il n’en a rien été, tu es resté faible ; tout porte à croire que cet état de maison faible continuera.
Quand on a en soi ce qu’il faut pour mener à bien une maison de commerce, on le fait connoitre avant d’avoir atteint l’âge où tu es arrivé, aussi ceux qui te connaissent ne se gênent pas pour dire, que tu n’as pas ce qu’il faut pour mener à bon résultat une maison de commerce, où tu en es le prouve suffisamment…
Lyon le 25 février 1866.[orthographe et ponctuation respectées pour l’essentiel]
Lettre de C.J. Bonnet à son fils Victor à Anvers, Papiers Cossieu