République Française
Electeurs de l’arrondissement de Nantua.
Je viens solliciter vos suffrages pour les prochaines élections à la Chambre des Députés.
Ce n’est point une pensée d’ambition personnelle qui me guide.
Mais j’ai à cœur de répondre à l’appel chaleureux fait à mon patriotisme dans la réunion où plus de cent délégués des six cantons de l’arrondissement m’ont offert la candidature à l’unanimité.
Ma profession de foi ne sera pas longue : la question est nettement posée entre l’ordre et le désordre, entre le développement pacifique et progressif des institutions qui nous régissent et le renversement des bases sans lesquelles un gouvernement ne saurait exister.
D’un côté le Maréchal et le Sénat appuyés sur la Constitution dont ils seront les fidèles gardiens.
De l’autre le radicalisme avec son programme bien connu dont la réalisation précipiterait le pays dans les plus grandes catastrophes.
Comme les sages et laborieuses populations de notre arrondissement, je suis profondément dévoué à la République conservatrice et j’adhère pleinement au Manifeste loyal et énergique que le Chef de l’Etat vient d’adresser à la Nation.
Le Gouvernement m’agrée comme candidat, et si vous me faites l’honneur de me nommer votre représentant, tous mes efforts tendront à protéger et à maintenir les institutions actuelles.
ELECTEURS,
Mon programme peut se résumer ainsi :
A l’intérieur une sage liberté, le respect absolu de la loi et le maintien rigoureux de l’ordre, ces conditions étant surtout indispensables dans une société démocratique comme la nôtre. A l’extérieur la paix dont les bienfaits vous permettront de vous livrer en toute sécurité aux luttes pacifiques et fécondes du travail national.
Dans un arrondissement aussi agricole qu’industriel comme celui de Nantua, mon passé me désigne peut-être plus que tout autre pour m’occuper de vos intérêts à la Chambre des Députés.
Ancien industriel, ancien président du Conseil des Prud’hommes et membre de la Chambre de Commerce de Lyon, je suis familiarisé depuis longtemps avec les questions économiques et si vous me donnez vos suffrages, je me vouerai tout entier au service du pays que je serai appelé à représenter.
JULES BONNET
Chevalier de la Légion d’honneur.
Jujurieux, le 1er octobre 1877.