Depuis que je ne t’ai pas écrit, j’ai fait un petit voyage fort agréable. Je suis parti dimanche à 6 heures du matin pour St Etienne où je suis resté jusqu’à lundi à 4 heures du soir. Ce qui m’a fait le plus de plaisir, c’est le transport d’une ville à une autre. En revenant de St Etienne, on marche avec une si grande rapidité jusqu’à Rive de Gier (la distance est de six lieux) que je suis bien persuadé, on ne reste pas plus d’une heure et demie en route. Tu peux avoir une idée de la vitesse de la marche si quelquefois tu t’es fait ramasser aux montagnes. Il est inutile de te dire que l’on revient sans chevaux. L’impulsion seule suffit pour faire rouler les vagons (sic) jusqu’à Givors (en revenant seulement).
La ville de St Etienne n’a rien de fort remarquable par sa construction. Ses rues en général sont tirées au cordeau et d’une longueur étonnante. Ce que l’on nomme la grande percée a près de trois quarts de lieux. L’on voit parfaitement d’une extrémité à l’autre. J’ai vu une grande manufacture d’armes. J’ai bien regretté de ne pas voir marcher le mécanisme qui m’a paru très remarquable, il y avait repos à cause de la fête. J’y ai retrouvé un ancien camarade de collège, le fils Puvis de Cuiseaux qui est élève à l’école des mines ainsi que le fils Bernard de Bourg. Les puits de charbon étaient fermés le jour de mon voyage, sans quoi ces messieurs m’auraient introduit dans la mine …
Jules Bonnet à sa mère à Jujurieux, Lyon 31 mai 1833. Papiers Cossieu