« Voilà de quoi vous faire rire et pitié »

Dans ces deux lettres à sa mère, Claude-Joseph Bonnet exprime le désarroi d'un débutant dans la Fabrique lyonnaise.

Lyon le 6 Prairial an 13 (26 mai 1805)

Chère Maman
Il faut que je vous dise tout ce qui s’est passé en moi depuis que je suis de retour à Jujurieux. j’ai été dans les commencements très chagrin de vous avoir quittés je le suis encore; je fis d’abord les commissions dont vous m’avez chargé, je cherchai un métier j’en trouvai un, mais chez des personnes si mal propre, que je n’eus rien de plus pressé que de le quitter, alors livré à (moi)même sans occupation car je n’en cherchois pas tant mon premier essai m’avoit dégouté. Je sentis plus que jamais combien j’étois plus heureux à Jujurieux, Je me laissois aller à la douleur, je m’ennuyois, je formois des projets, je voulois les mettre à éxécution. Puis en reconnoissant la bêtise je les laissois, il s’en présenta un qui me plut beaucoup tous désagréable que j’aurais dû le trouvé, c’est de me mettre marchand colporteur, voila de quoi vous faire rire et pitié, néanmoins j’achetai pour plus de dix écus de mouchoirs, je ne l’ai pas plutôt fait que je m’en repenti, que je m’en repend encore, car l’argent nous fait bien besoin. alors je laissai tous les projets si ce n’est celui de retourner à Jujurieux, et beaucoup de chose my engageois, je n’avois point d’argent, je quittai la pension. Je veins manger dans notre chambre avec du pain, de l’eau et un peu de fromage afin de regagner par là l’argent que j’avois dépensé par ma bêtise, mais cette mauvaise nourriture ainsi que mes peines ne contribuoit pas peu à altérer ma santé. Je résolus donc d’aller à Jujurieux, je partis, je fus coucher à Meximieux, mais pendant toute la nuit je fus si agiter que je ne put pas dormir, J’eus toute la nuit pour réfléchir et réfléchis si bien sur la peine que cela vous feroit et à mon Papa que le lendemain je rebroussai chemin et veins dîner à Lyon (…) je suis allé voir Mr Drunet à qui je confier ma peine il chercha à me consoler, me donna une lettre pour Mr Terrat fort négociant fabriquant qui m’aurois pris chez lui si je me fus présenté plutôt car il en avoit prit un depuis peu de temps, mais il me promit qu’il feroit tous ce qu’il pourroit pour me procurer une place. Je suis là en attendant, pas des (mieux) portant. Je voulois vous prier de me mettre chez Mr Drunet jusques a ce que j’ai trouver une place, ce temps ne seroit pas perdu bien sûr; et je pourrois rétablir ma santé et guerrir ma tête qui n’est pas tranquille. Je vous embrasse de tout mon coeur.

Votre Dévoué fils CJ Bonnet

Lyon le 15 prairial an 13 (4 juin 1805)

C’est vraiment une consolation de parler de nous à ceux qui s’y intéresse, qui nous aime et que nous aimons, mais on voudroit avoir toujours des choses agréables à leur apprendre, ce que je ne puis pas quoi(que) je le voudrois bien, vous me dites de travailler sur le métier, comme je vous l’avois promis mais j’ai une si grande répugnance pour se travail que je ne puis le souffrir, je suis allé quelquefois chez M. Cropus où le compagnon a bien voulu me laisser travailler quelque fois, je le fesois pour tâcher de vaincre mon dégout et me remettre un peu à se travail, car j’ai beaucoup oublié, dès que j’y avois resté un instant, je ne pouvais plus y tenir, d’ailleurs depuis que je suis revenu de Jujurieux, j’ai toujours été sinon malade du moins bien faible et bien abatu, encore hier(…). je fus avec Victore Dubreuil à l’église de fourvière où je pris un mal de coeur dont je me sentis une bonne partie de la journée.
Pour vous Maman j’ai appris (…) que vous vous portez bien (…) vous devez juger de la joie que j’en ai ressenti (…) Toute notre famille et jusqu’aux domestiques en rendent grâce au ciel…)
Je suis tout d’aise depuis que je sais que vous devez venir…

Lettres de Claude-Joseph Bonnet à sa mère, Papiers Cossieu.

La maréchale Canrobert en Bugey

Successeur du maréchal Castellane à la tête du 4e corps d’armée de Lyon, le maréchal Canrobert, proche de Napoléon III, rend visite aux Gilardin à Champollon en 1863. Un événement retentissant dans le pays de Jujurieux, raconté dans une lettre

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